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lundi 8 mars 2010

Les origines mondiales du chômage
Par Abdellah AHOUACH

Depuis la chute du bloc communiste de l'est, l'offensive du capitalisme libéral sur le monde entier est devenu un fait incontestable. L'une de ses manifestations les plus illustrées se révèle dans le phénomène de la mondialisation via lequel les superpuissances mondiales, plus particulièrement les états unis et ses vassaux européens, cherchent à dominer le monde en vue de monopoliser ses richesses et dompter ses habitants pour en faire de simples consommateurs dociles et domptables. Faire du profit était toujours l'unique objectif escompté par cette mondialisation libérale. La dimension sociale, culturelle et écologique de la vie ne l'intéresse guère.

Eu égard au danger que présente la mondialisation libérale sur la vie entière de fait de sa tendance à détruire tout ce qui relève des valeurs culturelles et spirituelles au profit des seules valeurs marchandes, et faire ainsi des hommes des adeptes d'une nouvelle religion nommée, selon l'expression de Roger Garaudy, le monothéisme du marché. Divers auteurs de renommée mondiale, au nord comme au sud, ont exprimé leur opposition farouche face au pouvoir de domination du libéralisme mondialisé. Hans MARTINE et Harold CHOUMAN dans leur livre, intitulé "Le piège de la mondialisation" ont mis l'humanité en garde contre l'actuelle mondialisation qui tend à enfoncer le monde sous l'emprise de la dictature du marché unique et à accumuler ainsi les richesses dans les pays les plus développés. Ce fait a pour effets, selon eux, une paupérisation galopante et une augmentation gravissime du chômage dans le reste du monde suite aux mécanismes de fonctionnement d'un libéralisme sans état d'âme. Naoum TCHOUMSKI, quant à lui, affirme que la mondialisation libérale n'est rien d'autre qu'une sorte d'hégémonie américaine qui sert à imposer à l'humanité une certaine conception de la vie qui consiste à considérer le monde comme un simple marché où seul dominent des valeurs purement matérielles. En vertu de ce fait, la recherche du profit est l'ultime objectif escompté malgré les conséquences dramatiques qu'il pourrait engendrer sur le plan socio-politique et écologique à l'échelle planétaire. D'après le raisonnement du TCHOUMSKI, on peut déduire que le chômage de masse est l'un, parmi d'autres, des effets les plus logique d'un système où l'économie l'emporte largement sur le social. En ce sens, de maigres fonds sont alloués de moins en moins à la recherche scientifique qu'est censée absorbée les jeunes diplômés, et à la formation continue des employés pour se mettre à niveau en permanence avec les exigences du marché du travail. De ce point de vue, l'industriel préfère licencier au lieu de former. Les états, quant à elles, optent pour la privatisation au lieu d'investir davantage de fonds pour sauvegarder la gratuité des services rendus aux citoyens et améliorer ainsi le potentiel de recrutement des établissements publics sous prétexte de déficit budgétaire; une justification indéfendable devant les gigantesques bénéfices que font les industriels. René DUMONT, un écrivain engagé en faveur de la cause du tiers-monde, et ex-candidat à la présidence de la France, a accusé catégoriquement le libéralisme, dans son livre "Un monde intolérable, le libéralisme en question" d'être la cause première de tous les maux dont souffre les pays du sud les plus pauvres. Selon lui : "l'économie libérale qui se considère comme une science quasi infaillible est prise en flagrant délit d'échec : les trente années glorieuses (allusion faite à la période de Boom économique entre 1945 et 1974 en occident) furent aussi marquée en tiers mondes par le progrès des inégalités, la persistance de la sous-nutrition et de l'analphabétisme. Elles s'achèvent par le triomphe quasi universel du chômage, qui enlève toute sa dignité à la jeunesse du globe, ainsi exclut, sinon niée"

Pour mieux illustrer les opinions des intellectuels précités, et démontrer ainsi combien c'est intolérable le monde d'aujourd'hui où la notion de la morale est ignorée dans par les planificateurs de l'économie libéral et leurs collaborateurs politiques, les chiffres suivants sont révélateurs : 10 millions d'enfants meurent chaque année, alors que 50 % de ces enfants victimes se trouvent dans les 5 pays les plus pauvres au monde, 90 % d'entre eux appartiennent au monde sous-développé. Le pouvoir d'achat de l'individu est très faible de trois fois par rapport à ce qu'il l'était il y a 40 ans. Quand, 1.8 milliard d'individu vivent dans des conditions d'extrême pauvreté par un dollar par jour par personne, 1 % de la population la plus riche détient à elle seul l'équivalent de 57 % de tous ce que possèdent l'ensemble des pauvres du monde. Le nombre des illettrés dans le monde s'élève à 1 milliard et 175 millions d'individu dont la part des enfants qui n'ont pas pu être scolarisé est de l'ordre de 325 millions. Malgré des formidables avancées technologiques en matière de l'agroalimentaire, le nombre de ceux qui souffrent de la mal nutrition reste horrible. Il est estimé à 842 millions individu, soit deux fois leur nombre il y a 400 ans. Du point de vue production, la part des 42 pays les plus pauvres dans le commerce extérieur international est de 1.7 % en 1970, actuellement il est de 0.6 %. Ce qui signifie que la pauvreté de ces pays est loin d'être atténuée, elle persiste en s'amplifiant avec le temps. Du côté des multinationales, aucune crise n'est observée. Des bénéfices colossaux sont amassés par des hommes d'affaires qui ont su comment réguler le marché par la programmation de la rareté de façon à surveiller la relation sacrée entre l'offre et la demande afin de ne pas affecter les prix fixés par eux, donc de protéger leur marge de gains. En terme du capital, les chiffres estimés sont ahurissants : 555 milliard de dollar est la valeur de la richesse que possède certaines des plus puissantes multinationales en 1999. La somme en question a crûe de 11 % en 2003. La société Microsoft possède à elle seule 60 milliards de dollar qui ne cesse de croître d'un milliard de dollar mensuellement. Concernant le pouvoir financier, ces mastodontes industriels ont largement de fonds pour ne plus faire appel aux subventions publics : au japon la proportion de leur autosuffisance financière s'élève à 130 %, au USA elle est de 115 %, alors qu'en Allemagne le chiffre atteint les 110 %.



En raison de ce désordre mondial dont les effets sont exposés ci-dessus, Jean ZIEGLER, le rapporteur spécial des nations unis pour le droit à l'alimentation, a qualifié l'hégémonie libérale des Etat-Unis par l'empire de la honte dans lequel le processus de la reféodalisation du monde commençait à se mettre en place depuis la chute du communisme. Dans ce monde du libéralisme où seules les règles du marché font la loi, il n'est pas surprenant de voir apparaître la misère, le chômage et l'exclusion chez les multitudes à côté du gaspillage, de la richesse excessive et de la tyrannie d'une minorité. Ceci est valable localement comme à l'échelle mondiale.

Pour sortir de cette impasse, René DUMONT a proposé aux dirigeants de faire preuve du courage politique nécessaire aux projets de restructuration de la société autour des valeurs culturelles et humaines qui invoquent le respect de la dignité de tous les hommes et la protection de toute vie sur terre. Ce défit ne serait réalisé, d'après DUMONT dans son ouvrage précité "qu'à partir du moment où les opinions publiques auront compris qu'il s'agit :
-  aujourd'hui, d'établir un monde vivable pour tous ses habitants,
- demain, d'assurer la survie prolongée de l'humanité; laquelle irait à la mort lente si elle acceptait les injustices et les absurdités qui caractérisent notre époque – finalement pus injuste et plus «gaspilleuse» que «glorieuse»"