Pages

dimanche 23 mai 2010

Promesses non tenues :
Par Abdellah AHOUACH
Au courant de la journée du 10 avril 2010, les cadres supérieurs au chômage ont tenu une réunion avec les responsables du ministère de l’intérieurs et, en la présence du représentant et conseiller du premier ministre qui est chargé de poursuivre le traitement du dossier des cadres supérieurs au chômage présents sur Rabat et adhérents au mouvement de revendications mis en place depuis les années 90. Lors de cette rencontre les représentants des différents groupes des cadres supérieurs au chômage ont été informés officiellement sur le derniers délai, fixé au plus tard pour le 15 mai de l’année en cours, de l’annonce du nombre définitif des postes d’emploi qui leur seront attribués.


Suite à cet engagement officiel, les cadres supérieurs au chômage se sont mis d’accord sur le fait de déserter la rue et de cesser momentanément les activités de leur mouvement de protestation afin de prouver leur prédisposition à mettre un terme à l’occupation quotidienne de l’espace publique si le gouvernement fait preuve des bonnes intentions à l’égard de leurs revendications légitimes et constitutionnelles qui consistent en l’insertion de tous les membres du mouvement dans le secteur de la fonction publique comme c’est reconnu par les deux arrêtés ministériels (888/99 et 695/99). Et, si les responsables politiques chargés de traiter le dossier font preuve de transparence et de démocratie lors du traitement du dossier en vue de ne pas privilégier des groupes dits « fantômes » et exclure ainsi certains groupes, pourtant, présents en permanence sur rabat et qui font parti du mouvement des cadres supérieurs au chômage, de l’opportunité de l’insertion.



Des rumeurs circulantes entre les cadres supérieurs, depuis assez de temps, laissent supposer que des groupes « fantômes » seraient susceptibles d’être concernés par l’insertion en la fonction publique qui aurait lieu dans les quelques jours qui viennent (entre le 25 et 30 du mois en cours) si l’on veut croire les affirmations de l’interlocuteur officiel des cadres supérieurs au chômage. A cet effet, et sachant qu’il n’y a de fumée sans feu, le gouvernement, si il se veut être conforme avec ses engagements relatifs au sujet du chômage des cadres supérieurs, il doit tenir compte d’abord des revendications des cadres supérieurs au chômage qui se mettaient à les contester d’une façon continue et en public sur les rues de rabat, et ce, en leur assurant la priorité quant à l’accès aux postes d’emploi au sein de la fonction publique. Toute insertion faite en dehors du mouvement des cadres supérieurs serait considérée comme une atteinte flagrante à la crédibilité des engagements gouvernementaux qui ne cessaient d’affirmer que la priorité quant à l’emploi sera donnée aux membres du mouvement de revendication. A l’issu de ce fait, le gouvernement, en approuvant, même d’une manière implicite, cette règle qualifiée de non équitable, ne peut qu’assumer ses responsabilités envers les autres cadres supérieurs au chômage qui n’ont pas pu adhérer au mouvement en question du moment où il s’est avéré incapable d’instituer une procédure démocratique et transparente en matière de recrutement.



Il se trouve que le fait de défendre une telle position laisse entendre que le mouvement des cadres supérieurs au chômage n’est qu’une association de groupes de corporatistes ségrégationnistes qui prônent un discours de la transparence et de la démocratie par apologie sur le plan théorique mais qui s’insurgent contre ces mêmes principes sur le plan pratique quand ils refusent aux autres cadres supérieurs au chômage non adhérés au mouvement leur droit de bénéficier des postes d’emploi réservés exclusivement aux cadres supérieurs au chômage. Pour élucider ce fait, il convient de dire avec fermeté que les droits de l’homme, y compris le droit au travail, sont non négociables et ne peuvent être objet de quelconque discutions. Il ne peuvent qu’être respectés tels qu’ils sont sans aucune discrimination en vertu du seul fait que la citoyenneté suppose l’égalité des citoyens en matières de l’accès aux droits et de l’accomplissement des devoirs. Or, il est important de signaler ici que l’absence de la notion de citoyenneté qu’est due à son tour à l’absence de volonté politique entravant l’instauration d’un véritable Etat de droit est la raison qu’elle faut pointer du doigt et qu’elle faut dénoncer sans réserve. Si le cadre supérieur a choisi de descendre dans la rue pour pouvoir arracher son droit au travail c’est par ce qu’il est conscient qu’il n’y a d’autres alternatives adoptables, dans un contexte sociopolitique où la non transparence et la corruption priment, que la voie de la lutte organisée au sein des rues de la capitale du royaume, rabat. Dans ce cas il est légitime de voir naître chez les cadres manifestants ce genre de sensibilités à l’encontre de ceux qui ne font pas parti du mouvement et qui préfèrent uniquement adopter un comportement opportuniste au lieu d’opter pour la participation au mouvement de revendication qui s’était mis en place afin de le rendre plus fort et plus apte à faire face aux politiques officielles qui ne profitent qu’à ceux qui sont nés alors que des cuillères d’or sont mises dans leurs bouches.



Après une trêve de 40 jours qui a été observée par le mouvement des cadres supérieurs à l’issu de la réunion précitée avec les représentants du gouvernement, il s’est avéré que la promesse du 15 mai n’a pas été tenue et que toutes les séances de négociations tenues avec l’interlocuteur officiel sont vaines et creux en raison du fait qu’elles n’aboutissaient à rien de concret. En ce sens, à quoi bon de négocier si les négociations n’ont jamais pu aboutir à un accord crédible du point de vue juridique ? Dans ce cas, le négociateur, ne s’agit-il pas du tampon qui sert à contrôler la tension du mouvement des cadres supérieurs au chômage ? Ou bien, n’est-il pas une sorte de recette d’anti-dépresseurs à prescrire au bon moment à chaque fois que la dépression nerveuse chez les patients risque de provoquer des incidences inattendus ? En tout cas, et à mon avis, les négociations de ce genre ne sont qu’une sorte de prises auxquelles le cadre supérieur au chômage s’adonne pour se réconforter psychologiquement.



Pour sortir le mouvement des cadres supérieurs au chômage de l’impasse des négociations qui ne servent plus qu’à traîner davantage leur dossier et à exacerber en conséquence leur souffrance, et celle des groupes fantômes qui viennent profiter des sacrifices des militants du mouvement et qui, par leur insertion le gouvernement remet en question le principe de la priorité des membres du mouvement à bénéficier des postes d’emploi crées selon les deux arrêtés ministériels (888/99 et 695/99). Tous les groupes doivent comprendre l’importance primordiale d’une sorte de confédération inter-groupale qui peut regrouper tous les manifestants ne serait ce que sur le plan des formes de lutte menées sur le terrain, et ce sur une période transitoire en attendant penser une organisation représentative de tous les cadres supérieurs au chômage à l’échelle nationale. Actuellement, on a pas le choix si l’on veut pousser le gouvernement à prendre au sérieux notre droit au travail, et dans l’immédiat, que de quitter le narcissisme qui prend en otage nos facultés intellectuelles à forger des initiatives plus intelligentes quant à la coopération entre groupes de cadres supérieurs et à la mise en place d’un partenariat d’engagement avec les acteurs de la société civile. Un partenariat qui promeut à la fois la sensibilisation de l’opinion publique nationale et internationale à soutenir davantage la cause des cadres supérieurs, et la sensibilisation du cadre supérieur au chômage à s’intéresser aux questions de la démocratie et des droits de l’homme tout simplement par ce que la défense du droit, n’importe quel droit, ne peut pas faire l’économie de la défense des autres droits et surtout le droit à la démocratie.