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mardi 15 février 2011

Diplômés-chômeurs Une solution annoncée pour le 1er mars


  • Un compromis a été signé avec le gouvernement
  • Une liste de postes budgétaires en cours de préparation

Serait-ce la fin d’un long feuilleton pétri de revendications, de promesses et de coups de matraques? Les diplômés-chômeurs qui défilent depuis des années devant le Parlement à Rabat l’espèrent.
Pas plus tard que jeudi 10 février, leurs représentants ont signé un accord avec la commission tripartite dans laquelle siège notamment Adesslam El Bekari, conseiller à la primature. Leur réunion s’est tenue au siège de la wilaya de Rabat-Salé. Et à laquelle a participé un représentant du ministère de la Modernisation des secteurs publics et le gouverneur, Mohamed Regraga. D’ici le 1er mars, le gouvernement devrait «annoncer une solution définitive» à ce dossier. L’accord en fait a repoussé le délai initial du 10 février pour «une intégration globale et directe» au sein de la fonction publique. C’est du moins les termes repris dans un communiqué conjoint de 8 groupes de diplômés-chômeurs: Union national, Chouâla, Al Ghad, Al Mostqbal, Nidal, Assomoud, Arrabita et Alîzza. Ils sont douze au total à prétendre intégrer l’administration. Le renvoi jusqu’au 1er mars devrait permettre au gouvernement de «dresser une liste des postes budgétaires disponibles». Adil Bourribab, porte-parole du groupe Attomouh, fait notamment allusion aux ministères de la Justice, de l’Intérieur, l’Administration pénitentiaire et l’Enseignement. La loi de finances 2011 aurait prévu, selon lui, «6.340 postes budgétaires» pour ce dernier département.
En face, ils sont plus de 4.000 diplômés-chômeurs. Sauf que ce n’est pas gagné d’avance. Car quelques jours avant la signature du compromis, d’autres groupes auraient rejoint le mouvement. Ahmed Ben Saidi, chargée de communication du groupe Assomoud, défend ce qu’il appelle «la légitimité historique». Ce terme figure aussi dans le communiqué du groupe Nidal. Légitimité qui servirait à «accéder directement aux emplois» sans passer par le concours. Pour éviter que les nouveaux venus en profitent, le procès-verbal constitutif de chaque groupe servirait de certificat «d’ancienneté». Car il y a deux ans, des groupes, comme celui d’Assomoud et qui compte 182 membres, ont été «écartés» des recrutements.
Reste à savoir quelle parade juridique le gouvernement El Fassi compte adopter?
L’accès à la fonction publique via concours se veut un principe d’égalité à l’accès à l’emploi.
Parallèlement, le gouvernement s’est engagé à revoir le statut de la fonction publique. D’où son projet de loi 50-05 en discussion au Parlement et contenant le nouveau statut.
Les diplômés-chômeurs avancent qu’un «nouveau décret» va consacrer «leur accès direct à l’emploi». Sorte «d’exception» légitimée par des négociations longues et pénibles.
Difficile en ce vendredi, jour de prière et de couscous, de joindre les intéressés, aussi bien à la primature qu’au ministère de la Modernisation des secteurs publics.
Ce qui peut paraître comme un acquis devient «une ambition». Cette nuance soulignée par le porte-parole du groupe Assomoud compte. Car le gouvernement pourrait avoir une autre interprétation de «l’intégration globale». Les finances publiques obéissent bel et bien à une discipline budgétaire. C’est ce qui est du moins avancé par Abdellatif Bennani, conseiller du ministre des Finances et ex-directeur du budget au ministère des Finances: «Le non remplacement systématique des postes vacants dès le 30 juin 2011, faisant ainsi allusion aux départs à la retraite» (L’Economiste du 5 février 2011).
Que se passerait-il si jamais le deadline du 1er mars est dépassé?
Les diplômés-chômeurs ont déjà livré un premier «show». Plus de 1.000 personnes ont défilé jeudi dernier, entre 19 h et 20 heures, devant le Parlement. Ils sont remontés après vers le Mechouar, quartier où se trouve le siège de la primature notamment. Puis ils ont rebroussé chemin vers la place Jamâa Sounna, avant de se diriger vers la gare... «Il n’y a pas eu d’altercation entre les forces de l’ordre et les manifestants. En revanche, un air de panique planait sur la place. Surtout que les diplômés-chômeurs ne portaient pas comme à leur habitude de gilets fluorescents», rapporte le photographe de L’Economiste, Abdelmjid Bziouat. L’incident risque fort probablement de déplaire. Sinon «instrumentalisé» par certains médias surtout que l’Egypte et la Tunisie ont été secouées par des révolutions.
Bourribab explique que «ces diplômés-chômeurs ont manifesté de manière spontanée…».
D’où la publication le 11 février d’un communiqué conjoint qui rappelle que les 8 groupes «respectent leur engagement et ne sont pas responsables des incidents qui peuvent survenir».

F. F.