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lundi 18 janvier 2010

Pourquoi résister
Par AHOUACH Abdellah : ahouach76@yahoo.fr



A chaque fois que je regarde la télé ou quand je lis les journaux ou surfer sur le net, je découvre un monde bouleversé par tant de conflits et traversé par autant de disparités entre défavorisés et privilégiés d'une part, et entre le nord et le sud, d'autre part. Je découvre une Afrique saignante et profondément saccagée par des régimes autoritaires, corrompus et acolytes des ex-puissances coloniales étrangères. Je saisis davantage comment se faisait le pillage des richesses des pays du Sud qui s’opère avec la complicité ou à l’initiative des gouvernements et des entreprises du Nord.
 Je réussi, de plus en plus, à comprendre l'hypocrisie des pays du nord, dites démocratiques, qui se fermaient les yeux devant les blanchissements d'argent envolés au pays du sud au niveau des paradis fiscaux, situés pour la plupart au nord; le montant volé est estimé entre 100 à 180 milliards de dollars1. Je ne cesse d'imaginer pourquoi une pauvreté gravissime touche presque les 3/5 de la population mondiale, soit trois personnes sur cinq ne peuvent pas gagner plus d'un dollar / jour d'après le rapport du PNUD de l'année 2007/2008, alors que la terre est suffisamment riche pour subvenir aux besoins de ses enfants. J'apprends que des milliers de personnes sont assassinés ou torturés puis détenus arbitrairement dans des conditions inhumaines même à l'intérieur des pays dites "démocratique", leur seul motif était d'avoir oser dire ça suffit à la dictature, stop au vol d'argent publique, non aux pillages des richesses des peuples autochtones par un néocolonialisme incarné par des sociétés trans-nationales. De même, je comprends pourquoi la manipulation des élections par des présidents élus à 99,99% de voix et à plusieurs compagnes électorales ne suscitent aucune indignation, ni ne provoque aucune contestation chez les pouvoirs officiels des pays occidentaux, qui préfèrent rester muets et sourds devant cette mascarade tant que le jeu électoral mène à la tête du pouvoir l'homme le plus enclin à collaborer pour sauvegarder leurs intérêts géostratégiques dans la région. Je trouve un environnement pollué et farouchement dégradé suite à une surexploitation systématique de ses ressources par les 20% de personnes les plus aisés au monde. Ainsi, et à titre d'exemple, des centaines d'espèces sont actuellement considérées comme menacés d'extinction (environ 24% des espèces de mammifères et 12% des espèces d'oiseaux à titre indicatif)2, des milliers de gens seront contraints à subir des famines et maladies chroniques et des déplacements massifs en raison des mutations qui ont fragilisés les écosystèmes qui les abritent, des milliers d'hectares de forêts, constituant le poumon du monde, sont abattus chaque année à des fin industrielles, les estimations du PNUE 2003 évaluent à 14,6 millions d'hectares par/an la surface touchée par la déforestation durant les années 90 à l'échelle mondiale.

Pour inverser cette tendance qui coûte au monde l'équivalent de morts de deux hirochima tous les deux jours, à savoir 50 mille mort / jour, selon l'expression de Roger Garaudy dans son livre "Appel au vivant", l'engagement personnel réfléchi et actif dans une action collective et responsable, qui promeut un monde plus juste et plus équitable où l'individu pourra retrouver son humanisme et reconquérir sa dignité, est devenu un impératif. En ce sens, nous devons choisir de rester solidaires les uns des autres autour de projets sociaux à visage humain et d'envergure universelle quelque soit notre couleur idéologique ou notre appartenance religieuse. Sinon, nous devons accepter de mourir solitaires suite aux effets néfastes et dévastateurs des politiques néolibérales globalisées sur les conditions de vie sur terre; dans son rapport de 2007/2008 le PNUD souligne : "40 pour cent de la population mondiale la plus pauvre, soit environ 2,6 milliards de personnes, seront condamnés à un futur comportant moins d’opportunités", ceci est vrai si rien n'est fait pour remettre en cause la recherche du profit, postulat de base du capitalisme libéral, considéré comme responsable de toute cette pagaille.

Afin de réaliser cet exploit, des hommes et des femmes de bonne conscience, de part le monde, commçaient déjà à se mobiliser et à s'organiser en mouvements contestant l'ordre mondial établi, et revendiquant un autre monde digne d'être habité. En Egypte, en Éthiopie, au Mexique, en Inde, au Chili, au Yémen, en France, au Canada, au USA … des voix citoyennes qui croient qu'un autre monde est possible s'érigent contre la volonté des puissants à réduire le monde en un espace purement matériel, dépourvu de toute dimension humaine et spirituelle, voué à la satisfaction de leurs seuls plaisirs illimités. Par ailleurs, et sur une échelle plus globale, les militants en faveur d'un autre monde viable se sont organisés en un mouvement démocratique et pacifique (mouvement des alter mondialistes) chargé de féconder des idées pour concevoir des alternatives aux choix politiques et socio-économiques actuels attribuées au trio FMI, BM, OMC, et combiner les efforts qui sont indispensables pour un face à face avec le pouvoir des dominants.

A la lumière de ce désordre mondial qui ne cesse de faire des ravages humaines et écologiques d'ordre planétaires, personne ne peut prétendre être non concerné de ce qui se passe, même à des milliers de kilomètres de chez lui, puisque nous vivons dans un monde globalisé où les intérêts et les événements sont liés par une relation d'interdépendance. De ce fait, nous avons vu comment l'actuel crash boursier se produisant à Wall street a pu provoquer une crise économique planétaire qui n'a pas encore pris fin, et dont les séquelles continuent encore à prendre de l'ampleur. De même, tout le monde a constaté comment les rejets massifs de gaz à effet de serre dans le ciel des pays industrialisés du nord ont engendrés des sécheresses et des inondations respectivement en Afrique et en Asie du sud, et provoquant ainsi des milliers de déplacés et de victimes parmi les populations les plus vulnérables. Aussi, le maintien du mode de vie des 20% les plus riches au monde, nécessitant la mise sous contrôle des ressources pétrolifères mondiales, est à l'origine d'un moyen orient déstabilisé par l'occupation de la Palestine depuis 1948 et par l'actuelle invasion américaine de l'Irak et l'Afghanistan …etc.

Afin de mettre sur pied cette entreprise de résistance, nous sommes appelés d'abord, à procéder à une réforme de notre manière de penser de façon à ce qu'elle soit rationnelle. Ce qui nous octroi la faculté d'approcher les problèmes du monde dans leur globalité et selon une optique scientifique au lieu de succomber à des analyses d'ordre dogmatiques et doctrinaires que l'on sollicite le plus souvent soit pour justifier notre indéffirence soit pour légitimer notre repli sur nous même. En suite, nous devons renoncer à certaines de nos habitudes les plus intolérables tel la paresse intellectuelle, le silence et l'indifférence devant toute sorte d'atteintes aux droits de l'homme, et la passivité sur le plan social. Sans quoi, nous serions par excellence des collaborateurs de tortionnaires et complices des injustes.

Références:

1 CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement) - Biens mal acquis… profitent trop souvent. Document de travail, mars 2007
2 Rapport du Programme des Nation Uni pour l'Environnement (PNUE) – 2003

Abréviations:

PNUD : Programme des Nation Uni pour le Développement
OMC : Organisation Mondiale de Commerce
FMI : Fond Monétaire International
BM : Banque Mondiale

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