Par AHOUACH Abdellah
dimanche 14 février 2010
Arrêtez le gâchis des compétences !
Par AHOUACH Abdellah
Par AHOUACH Abdellah
Agonisés sous l'emprise du chômage et ses conséquences néfastes sur leur santé et sur leur situation sociale depuis qu'ils ont quitté l'université, des centaines de cadres supérieurs, provenant du Maroc profond marginalisé, ne se font plus d'illusion. Ils ont parfaitement compris, à la lumière de leur expérience personnelle ou celle de leurs camarades, que l'accès au travail au Maroc est devenu une question du relationnel et du clientélisme.
N'ayant aucune possibilité de pouvoir trouver un emploi au sein de la fonction publique puisque le critère de la compétence n'est plus en vigueur dans les procédures de recrutement, les diplômés ont choisi, avec conscience, la voie de la résistance à leur exclusion par la mise en place de mouvements de revendication et de contestation à la capitale du royaume, rabat. Docteurs, titulaires de DESA, DESS, Ingénieurs et Master, tous ensembles développent une parfaite solidarité par la promotion de mécanismes d'adaptation aux rudes conditions du chômage. Sans aucun revenu et malgré leur situation sociale précaire, ils sont décidés à persévérer et à ne pas se laisser tromper par des discours politiques soporifiques tant que leur voix n'a pas trouvé un écho chez les décideurs politiques. Le droit au travail est pour eux une question non négociable. Ils sont prêts pour cet effet à faire davantage de sacrifices. De ce fait, ni la répression ni la pauvreté ou l'emprisonnement ne peuvent les dissuader à s'organiser en mouvement de contestation et à étendre leur champ d'action vers la sensibilisation de l'opinion publique nationale et internationale à participer aux compagnes de soutien de leur lutte. Et ce en nouant des relations de partenariat avec les organismes des droits de l'hommes, associations de la société civile, parties politiques et tous les autres acteurs qui par leur mobilisation puissent apporter une valeur ajouté à leur cause.
Or, quand tout le monde manifeste sa sympathie avec le combat des cadres supérieurs au chômage, l'état quant à elle se montre intransigeante à leur égard. Face à cette attitude officielle, jugée injuste, les cadres tiennent à dénoncer avec force et fermeté la répression de leur lutte par les violentes interventions des forces de l'ordre d'un côté et par les poursuites judicaires d'un autre. Et, demandent à l'état d'avoir le courage de ne plus considérer la violence comme le moyen le plus opérant pour contraindre, croit-elle, les manifestants à déserter les rues de rabat et de mettre fin à leur protestation contre l'exclusion et la stigmatisation qui les rongeaient. Les temps de la répression sont révolus depuis que le Maroc a annoncé, il y a une décennie, ses bonnes intentions de se détacher d'un passé déshonorant par les ignobles atteintes aux droits de l'hommes qui ont été commises à lors.
A ce titre, les cadres chômés tiennent à rappeler au gouvernement sa responsabilité qui consiste en leur insertion directe et immédiate dans les cycles de la fonction publique, et ce conformément aux dispositions des deux décrets ministériels (888/99 et 695/99). Et, lui demandent également de faire en sorte que le problème du chômage soit traité selon une approche rationnelle par la prise en compte de tous les paramètres, d'ordre socio-économiques et socio-politiques, dont l'effet conjugué est déterminant sur le plan de la lutte contre le phénomène du chômage en général qui pénalise toute tentative de développement.
D'après eux, un cadre supérieur est un trésor à exploiter. Son chômage est un gâchis pour la société qui a mobilisée d'énormes fonds pour lui offrir une formation dont elle aurait besoin pour sauvegarder son indépendance par la mise en place d'une économie de savoir, de technologie et de la science. Sans quoi, nous serions condamnés à mettre notre avenir, donc notre identité sociale, sous la merci des grandes puissances mondiales.
A l'échelle du monde d'aujourd'hui, aucun estime ni aucune place ne serait accordée à ceux qui ne font que consommer ce qui a été produit ailleurs, en acceptant ainsi de réduire leur pays en un simple marché où seront commercialisés les marchandises des autres.
Les prétextes du type libre échange ou stimulation de la croissance par l'investissement étranger ne sont en fait qu'une appellation moins rébarbative, utilisée par le pouvoir, pour qualifier sa dépendance à l'égard de l'étranger, en l'occurrence l'occident. Ils sont à notre sens l'arbre qui ne peut pas cacher la forêt de l'échec de politiques officielles adoptés depuis l'indépendance.
Pour sortir de cette impasse, les responsables politiques ont l'obligation de placer les cadres supérieurs au cœur des plans de développement en vertu de seul fait que la puissance des états du monde actuel est construite sur la base de la recherche scientifique.